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Elsa Piraudon, Master de Psychologie sociale (2003), Directrice de l'Hôpital privé Sud Corse

18 août 2025 Portraits d’Alumni

Psychologue du travail de formation, Elsa Piraudon a construit un parcours riche, entre grands groupes, aventure entrepreneuriale et direction d’établissements en France et à l’international. Aujourd’hui à la tête de l'Hôpital privé Sud Corse, elle revient sur son engagement pour une gestion humaine des organisations, nourrie par ses expériences et ses convictions.

 

Vous êtes aujourd’hui directrice de l'hôpital privé Sud Corse. Quel a été votre parcours jusqu’à ce poste ?

 

Diplômée en Psychologie du travail à l’UCO (campus UCO Angers), j’ai débuté ma carrière dans les ressources humaines au sein de grands groupes comme LVMH, SOFRES et la SNCF. J’ai ensuite fondé mon propre cabinet de conseil RH, spécialisé en santé au travail. Souhaitant reprendre un poste plus opérationnel, j’ai dirigé un EHPAD en Nouvelle-Calédonie pendant quatre ans, puis occupé la fonction de DRH au sein d’un groupe familial à Madagascar durant près de trois ans. Le Covid m’a conduite à La Réunion, où j’ai exercé huit mois comme DRH groupe dans la grande distribution, avant de retourner à Madagascar pour poursuivre une aventure entrepreneuriale dans les RH.
L’un de mes clients m’a alors confié un mandat de direction générale au sein d’un grand groupe de pêche, avec la responsabilité de trois pêcheries malgaches.
De retour en France, je suis maintenant directrice d'un hôpital privé en Corse-du-Sud.

 

En quoi consistent vos missions actuelles ? À quoi ressemble votre quotidien de directrice d’établissement de santé ?

 

La polyvalence est le maître mot. Mon rôle consiste à piloter à la fois des projets stratégiques – développement d’activités, innovation technologique, amélioration des méthodes de travail – et à assurer la gestion quotidienne de l’établissement. C’est une fonction de direction complète : finances, ressources humaines, qualité, communication… Mais avec le patient au cœur de toutes les décisions.
Cela implique une forte présence sur le terrain, un lien direct avec les équipes et les praticiens, pour que la qualité de la prise en charge reste la priorité.

 

Vous avez dirigé de grandes équipes RH dans des contextes très variés. Quelles sont, selon vous, les qualités clés d’un bon manager RH aujourd’hui ?

 

Il faut connaître le terrain et comprendre les organisations de l’intérieur. Ma formation de psychologue du travail à l’UCO m’a transmis cette posture essentielle : pour agir efficacement, il faut d’abord comprendre. Dans le tumulte du quotidien, on peut avoir tendance à l’oublier, mais c’est une condition indispensable pour mettre en œuvre des actions RH justes et adaptées.

 

Appliquez-vous au quotidien des approches issues de la psychologie sociale dans votre travail ?

 

Absolument. La psychologie du travail permet de dépasser la vision formelle des organisations, en prenant en compte leur réalité concrète. Tout travail comporte des contraintes. Ce qui m’anime, c’est de réfléchir à la manière dont le management, l’organisation du travail, peuvent donner du sens malgré ces contraintes.
Dans le secteur de la santé, cette réflexion est encore plus présente.

Vous avez exercé en Corse, à Madagascar, à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie… Que vous ont apporté ces expériences à l’étranger ?

 

J’ai vécu 11 ans hors du continent européen, dans les DOM-TOM et à Madagascar.
Ce que j’ai observé, c’est que, quelles que soient les cultures, le travail reste profondément porteur de sens. Les besoins de reconnaissance, de motivation, l’importance de replacer l’humain au cœur des organisations : ces enjeux sont universels.
La psychologie du travail s’exporte très bien. Et sur un plan plus personnel, cette diversité d’expériences m’a appris à prendre du recul. Madagascar, où j’ai travaillé pendant sept ans, reste à ce titre mon expérience la plus marquante.

 

Une personne, une lecture ou un moment a-t-il particulièrement influencé votre manière de manager ?

 

Oui, les travaux d’Yves Clot ont eu une influence décisive. Il montre combien la santé au travail et la performance sont liées. Selon lui, tout repose sur la qualité du travail, bien plus que sur les conditions de travail ou la qualité de vie au travail. Pouvoir faire du « bon boulot », comme il le dit, ne pas se sentir empêché dans son activité, est fondamental.
Dans le secteur de la santé, c’est encore plus vrai : permettre aux soignants de bien prendre en charge les patients, de se reconnaître dans leur métier, est un enjeu de performance.

 

Quel conseil donneriez-vous à un étudiant de l’UCO qui souhaite se lancer dans les ressources humaines ?

 

Soyez curieux, et n’ayez pas peur de prendre des risques. Mon parcours professionnel est indissociable de mon parcours personnel. Il est important de construire les deux en parallèle.




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