André Trannoy, licence Lettres (1935), fondateur de l’APF France Handicap
André Trannoy, c’est le combat d’une vie pour la justice.
Né à Paris le 27 août 1907, André Trannoy grandit entouré de l'affection de sa mère et de sa sœur, suite à la mort de son père pendant la Première Guerre Mondiale. Élève brillant, il fréquente l'école Stanislas à Paris de 1919 à 1925, où il excelle académiquement et sportivement, devenant capitaine de l'équipe de football et nourrissant une passion pour la montagne.
Cependant, à 18 ans, juste après avoir obtenu son baccalauréat, il est frappé par la poliomyélite, le laissant paralysé des quatre membres. Face à une société non adaptée aux personnes en situation de handicap, Trannoy rencontre de nombreux obstacles. « Quand on est infirme, on reste chez soi », lui dit-on un jour.
À la Faculté des Lettres de Paris, il se heurte également à des réactions hostiles : « Vous encombrez nos couloirs avec votre fauteuil roulant, Monsieur. Vous pensez bien que nous n’allons pas vous apporter nos registres ».
Malgré ces défis, il réussit à obtenir une certification en français et en latin à la Sorbonne.
En 1933, à 25 ans, il fonde l'Association des Paralysés de France (APF) avec Jacques Dubuisson, Jeanne Henry et Clothilde Lamborot, rencontrés dans un institut de soins à Lausanne. L'objectif de l'APF est de sortir les personnes en situation de handicap de l'isolement et de leur permettre de vivre comme tout le monde.
La même année, la perte de sa mère, son soutien quotidien, le plonge dans le désespoir. Il envoie alors un télégramme au Père Robert Guilloux, aumônier de l’École Supérieure d’Agriculture (école associée à l’UCO), qui va l’accueillir à l’Université catholique de l’Ouest. Arrivé à Angers le 23 novembre 1933, il suit les cours de lettres de la faculté : « On me transportait aux cours sur le dos des camarades, ou sur le dos des abbés qui suivaient les mêmes cours, à dos de Jésuites, s’il vous plait ». En 1935, il obtient une licence en lettres dans notre Université.
Engagé par Mgr Francis Vincent, recteur de l'UCO, il commence à enseigner l'histoire en septembre 1939, tout en continuant d’exercer la présidence de l’APF. Après avoir soutenu sa thèse sur Montalembert en 1942, pour laquelle il reçoit un prix de l'Académie française, il est titularisé et occupe la chaire Marchand en histoire moderne et contemporaine. « J'ai été un professeur heureux. J'ai eu un métier que j'aime, des élèves qu'aujourd'hui encore je pourrais presque tous nommer par leur nom ».
Le 8 décembre 1943, il se fiance avec Françoise Bureau de Colombier dans la chapelle de l’Université (jour de la fête de l’Immaculée conception, fête patronale de l’UCO), et ils se marient peu après à la cathédrale d'Angers. En 1945, l'APF est reconnue d'utilité publique par le Général de Gaulle. André Trannoy continue d'enseigner à l’Université catholique de l’Ouest jusqu'en novembre 1949, avant de diriger une maison d'enfants en situation de handicap à St Fargeau, en Seine-et-Marne.
André Trannoy restera président de l'association APF pendant 46 ans, jusqu'en 1979. Il décède le 15 mai 1994. En 2003, la ville de Paris rend hommage à son combat en nommant une place du 13e arrondissement en son honneur, près du siège de l'APF. Cette place sera rebaptisée le 15 mai 2024 pour y ajouter le nom de son épouse, Françoise.
Le combat d’André Trannoy continue à l’Université catholique de l’Ouest, qui accueille chaque année plusieurs centaines d'étudiants en situation de handicap. Un accompagnement de proximité et un service accessibilité dédié permettent aux jeunes de suivre un enseignement supérieur de qualité.
En 2023, l’APF France Handicap célébrait ses 90 ans sur notre campus angevin, l’occasion de célébrer cet alumni qui fidèle à sa devise a su « risquer l’impossible » pour défier les obstacles et faire avancer la cause du handicap.
N.B : Les citations de cet article sont issues de l’ouvrage Risquer l’impossible, André Trannoy (Mame, 1989)
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